Le pilotage de l’irrigation pour la bonne santé des arbres fruitiers

Plusieurs études internationales, ainsi que des enquêtes récentes en France, ont montré que la performance des pratiques et des équipements d’irrigation, notamment en ce qui concerne l’uniformité de l’application de l’eau, est encore trop faible. Cela est dû au fait que les agriculteurs n’ont pas les compétences nécessaires pour gérer correctement leurs systèmes d’irrigation. Les conséquences sont notamment la réduction des rendements des cultures et le gaspillage des ressources en eau.

Le pilotage de l’irrigation pour de meilleures performances

Pour améliorer les performances d’irrigation, il est nécessaire non seulement de promouvoir la mise en œuvre de méthodes de pilotage de l’irrigation, mais aussi d’améliorer la conception et l’efficacité des systèmes, ainsi que de renforcer les compétences des agriculteurs pour contrôler et gérer plus efficacement leur système d’irrigation pendant son fonctionnement.

Pour les trois principales techniques d’irrigation (irrigation de surface, irrigation par aspersion et micro-irrigation), les difficultés qui ont un effet négatif important sur les performances d’irrigation sont énumérées. Les solutions comprennent, d’une part la sélection de la technique la plus appropriée adaptée au contexte local et l’utilisation d’équipements certifiés dont les performances répondent aux normes et qui peuvent garantir une qualité minimale pour l’irrigation des champs, et d’autre part la mise en œuvre de méthodes de gestion améliorées pour ces équipements et techniques, accompagnées par le développement de compétences pour éviter les erreurs qui se produisent actuellement lors du fonctionnement ordinaire du système.

La recherche d’une meilleure utilisation de l’eau d’irrigation agricole pour l’arrosage des arbres fruitiers, qui peut s’avérer essentielle en période de pénurie notamment, a conduit à une méthode permettant de quantifier sa répartition, en date et en volume, en fonction des besoins en eau des arbres fruitiers et autres plantes. Ces besoins sont estimés à partir de différentes techniques de planification.

Une gestion de l’eau délicate

La programmation de l’irrigation définit "quand" il est nécessaire d’irriguer une culture et surtout quelle quantité d’eau doit être fournie. Une fois que le niveau d’irrigation approprié a été choisi à l’aide des méthodes de pilotage, l’agriculteur doit ensuite acheminer l’eau à chaque arbre à la date requise et avec la précision et l’uniformité requises.

Toutefois, le pilotage de l’irrigation ne tient pas compte de la capacité réelle de performance du système d’irrigation de l’exploitation agricole tel qu’il est utilisé par les agriculteurs, qui est souvent mal connue. Cela peut entraîner des écarts importants entre les quantités d’eau déterminées par la technique de programmation de l’irrigation et les quantités d’eau plus importantes qui sont effectivement nécessaires si l’on tient compte des performances du matériel d’irrigation de l’exploitation. Des schémas d’application de l’eau imprécis et non uniformes entraînent le plus souvent une hétérogénéité des rendements au niveau des exploitations et un gaspillage d’eau.

La nécessité d’une maîtrise du pilotage de l’irrigation

La gestion des systèmes de diffusion de l’eau sur le terrain constitue un problème complexe auquel les agriculteurs sont confrontés quotidiennement. Elle constitue souvent un obstacle important à la mise en œuvre efficace et au développement à grande échelle de pratiques avancées de programmation de l’irrigation.

Pour obtenir des économies d’eau durables, il sera obligatoire d’exiger un degré minimum de qualité technique des systèmes et de transférer aux utilisateurs une véritable maîtrise de la gestion de l’eau dans les systèmes d’irrigation sur les exploitations, permettant ainsi de contrôler les pertes d’eau résultant des hétérogénéités dans la distribution de l’eau.

Les contraintes liées à la programmation de l’irrigation

Contraintes dues à l’approvisionnement en eau du terrain

La mise en œuvre de techniques de pilotage de l’irrigation basées sur le bilan hydrique du sol des champs exige que les agriculteurs prélèvent une quantité d’eau appropriée dans le système d’approvisionnement, et ce, au moment opportun. Cette pratique s’accorde mal avec la technique de distribution d’eau la plus traditionnelle, "l’irrigation par rotation", qui fixe à l’avance le débit, les dates et la durée de la mise à disposition de l’eau au champ.

Cette technique entraîne souvent la diffusion de quantités d’eau excessives pour les arbres fruitiers lorsque l’eau est disponible. D’autre part, des périodes de stress hydrique se produisent pendant les intervalles entre les arrosages successifs lorsque ces interruptions sont trop importantes.

Dans le cas des systèmes de réseaux collectifs pressurisés fonctionnant à la demande, cette contrainte semble moins importante, car les agriculteurs peuvent généralement compter sur la disponibilité de l’eau mise à disposition par le réseau à tout moment. Cependant, les contraintes opérationnelles et organisationnelles au niveau de l’exploitation, liées à la disponibilité des équipements ou de la main-d’œuvre, incitent fréquemment les agriculteurs à utiliser un calendrier d’irrigation (faible flexibilité).

La qualité technique de l’approvisionnement en eau à partir d’un réseau de canaux peut varier considérablement entre les agriculteurs situés en amont et ceux situés aux extrémités du système.

Contraintes dues aux techniques et équipements d’irrigation sur l’exploitation

Les performances de l’irrigation sur les arbres fruitiers dépendent des compétences des agriculteurs en matière de gestion, de la technique d’irrigation et de la qualité initiale de l’équipement et de la conception du système. Mais les performances réelles peuvent se détériorer considérablement en fonction des conditions du terrain, car il n’est généralement pas prévu d’adapter les systèmes aux conditions d’exploitation locales ou aux compétences techniques des agriculteurs pour la gestion de leurs systèmes.

Dans ces conditions, on constate souvent une mauvaise connaissance des quantités d’eau d’irrigation réellement appliquées et une grande hétérogénéité dans les schémas de distribution, quelle que soit la technique d’irrigation utilisée. Cela peut avoir deux conséquences négatives :

• D’une part, les agriculteurs peuvent ne pas effectuer de manière uniforme et précise la distribution d’eau qu’ils ont décidée, éventuellement en utilisant des outils de planification. Ils développeront une tendance générale à appliquer un excès d’eau sur l’ensemble du champ afin de répondre aux besoins des zones qui reçoivent les plus faibles quantités.

• D’autre part, l’existence réelle d’une application non uniforme de l’eau, dont la variabilité n’est souvent pas pleinement appréciée par les agriculteurs, constitue une forte limitation à l’installation sur le terrain de capteurs de programmation, car les méthodes de sélection de leur emplacement sur le terrain pour une représentativité appropriée n’ont pas été pleinement développées. En conséquence, les agriculteurs peuvent rencontrer davantage de difficultés lorsqu’ils utilisent des critères de stress hydrique et des techniques de pilotage.

La mise en œuvre par les agriculteurs des résultats récents de la recherche sur l’amélioration des outils et des techniques de programmation est évidemment une condition nécessaire à l’amélioration des performances agronomiques et économiques de l’irrigation des arbres fruitiers. Toutefois, elle n’est pas suffisante en soi et l’amélioration simultanée des équipements d’irrigation sur le terrain et des compétences de gestion des agriculteurs est indispensable.